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Tiphereth
12 décembre 2006

Trinité

VP2Front


Valkyrie Profile : Plus qu’un chef-d’œuvre du RPG, un mythe et une légende du jeu vidéo. Brillant par un scénario, une construction, une ambiance et un système de jeu, tous plus canonisés les uns que les autres, il fallait en avoir dans les tripes pour vouloir produire une suite à un jeu d’une envergure aussi démesurée. N’écoutant que son courage, retroussant ses manches, c’est pourtant à son œuvre la plus personnelle que l’équipe de tri-Ace tente de produire une suite.

Passé les premiers émois de cette annonce (il y avait de quoi être aussi excité qu’inquiet), il fallait se rendre à l’évidence : les chances de construire une suite qui serait aussi aboutie était mathématiquement proche du zéro absolu. Les premières annonces du passage à la 3D n’ont fait que confirmer cette triste impression. tri-Ace avait été habité par une muse le temps d’un jeu, puis celle-ci s’en était allée au profit de quelque autre studio.

On assiste donc avec Valkyrie Profile 2 à une éclosion 3D somptueuse, notamment grâce à des effets de lumière renversants, mais à une patte graphique globalement décevante : On ose à peine imaginer ce qu’aurait donné une 2D sur une PS2. On continuera ce constat avec une animation bien moins souple et dynamique que ce que peut offrir la 2D, des graphismes revus à la baisse lors de la 3D totale des combats, et l’absence criminelle des portraits des frères Yoshinari qui avaient contribué à la gloire du premier épisode.

Village


Premier constat peu concluant, en somme. Deuxième cri d’effroi à l’idée de ce qu’allait donner le scénario. Pas de surprise de ce côté-là : nous sommes très loin du génie de Valkyrie Profile. Malheureusement, nous sommes aussi très loin d’un bon scénario tout court. Conservant son indéniable apparat nordique, le jeu possède un déroulement bien moins complexe et original que celui de son aîné. Ici, nous avons à faire à une construction ô combien basique, et dont le rythme est parfois alarmant de maladresse. C’est ainsi qu’un chapitre entier, le plus long du jeu, nous traîne d’un donjon à un autre à la recherche d’un objet. Poussif à l’extrême, le squelette du chapitre se résume comme suit : « Après avoir parcouru le point A, nos amis se rendent compte que l’objet est au point B. Ils se rendent au point B, traversent la zone, mais se rendent compte que l’objet a encore été déplacé, au point C cette fois. Après s’être rendu au point C… En route pour le point D, YEAH ! » Le chapitre suivant, lui, propose son lot d’événements et de combats mémorables, alors pourquoi avoir condensé en un chapitre tant d’éléments alors que le chapitre 3 est décharné et ennuyeux au possible ? Sincèrement, comment peut-on encore commettre des fautes de rythme aussi aberrantes ? Purement impardonnable. Même Kingdom Hearts et ses mondes anti-intrigues passent pour un chef-d’œuvre de cohésion narrative à côté du massacre Valkyrie Profile 2.

Si le premier épisode avait fondé son postulat sur une absence prolifique d’intrigue durant la majeure partie du jeu, il ne nous imposait pas une trame classique au possible. Multitudes de scènes ciselées d’émotions, qui savaient cristalliser toute l’essence mortuaire de l’œuvre, le scénario se valait autant par son intrigue principale que par ses Einherjars. Dans Valkyrie Profile 2, ces derniers sont relégués au rang de figurants. Ils n’ont pas la moindre scène et sont invoqués à travers des objets disséminés dans les donjons. Leur histoire, elle, ne nous est connue qu’à travers une courte biographie disponible dans le menu. Totalement déshumanisés, réduits à l’état de pugilistes sans âme, leur nombre relativement important (un peu plus de quarante !) ne fait qu’empirer les choses, puisque, noyés sous le nombre, les Einherjars peinent à se distinguer de la masse, et les programmeurs n’ont pas pu non plus leur offrir des attaques et Soul Crush propres à chacun, sans même parler des Big Magics qui étaient au nombre de douze, et qui ne sont désormais plus que quatre. Eu égard à son aîné, avoir transformé les Einherjars en Pokémons de luxe laisse un sentiment amer. Désolant.

L’intrigue générale ne vient hélas pas sauver toutes les carences sus citées, peu surprenante en dehors de sa fin très brouillonne où les mots « n’importe quoi » viennent titiller le joueur comme une écharde dans le pied. Ce n’est pas catastrophique, mais ça n’est en aucun cas ce qui pourrait motiver le joueur. Cela dit, tout n’est pas noir, et si le scénario ne décolle jamais réellement, il a tout de même cette qualité qu’il nous porte en des lieux originaux et agréables, notamment dans les dernières heures.

C'est la banqueroute complète. Alors, que reste-t-il qui permette de sauver cette pauvre Silmeria de la disgrâce divine ?

D’abord, la musique. Comme pour le premier épisode, c’est Sakuraba qui est aux platines. Pour le premier épisode, monseigneur avait gratifié les oreilles des joueurs de ses habituelles pistes épileptiques, composées sur synthé sous l’influence croissante de l’ecstasy. Ici, Saku semble s’être assagi. Il a arrêté pour un temps la coke et a troqué son synthé contre un orchestre. Le résultat est spectaculaire, et il faudra bien vérifier plusieurs fois la mention « compositeur » pour se convaincre que Sakuraba est bien derrière ses grands thèmes épiques et superbement orchestrés. Des thèmes variés, parfaitement adaptés, qui fleurent bon le médiéval occidental imposé par la cosmogonie scandinave qui noue l’intrigue. Du Sakubara en grande pompe qui, depuis Baten Kaitos, semble enfin être sorti de la crise de la quarantaine. S’il pouvait en faire autant sur les Tales, je lui en saurais infiniment gré.

Outre donc ces compositions, nous avons le système de jeu. Très riche et complexe, il va être difficile de faire un minimum exhaustif sans faire dans le laborieux. Cela étant, le gameplay étant l’argument choc de Valkyrie Profile 2 ainsi que de la plupart des titres tri-Ace, serrons les dents, et sondons, tâtons, auscultons, trépanons.


Combat


La gestion en menu, bien que proposant une arborescence moins complète dans le cadre de la création d’objet, se dote d’un système d’apprentissage de capacités via équipement intéressant. Les pièces sont pourvues d’une rune et d’une couleur, et apparaissent sur un canevas lorsqu’elles sont équipées. Il est ainsi possible de lier plusieurs pièces d’équipement d’une même couleur afin d’augmenter les effets ou de combiner des runes afin d’apprendre des capacités. Pas d’une originalité folle, mais toujours ingénieux et intéressant à gérer.

Le système de combat, lui, est purement démentiel. Une dimension tactique des combats est venue se greffer aux bases bien connues de VP, puisqu’il est désormais nécessaire de se déplacer sur une surface de combat. Il est possible de séparer son groupe en deux afin d’augmenter les possibilités tactiques, et il n’est pas rare qu’on se prenne à tenter de prendre l’ennemi en tenaille. Ce ne sera d’ailleurs pas du luxe, puisque les adversaires ont des points faibles, et qu’ils ne les laissent que rarement traîner à la portée du premier malandrin venu. Si cette partie est brisée, le jeu entre dans une phase de « Break Mode » où il est possible de  bourriner sans se soucier des points d’action, ce qui est excessivement violent et donc jouissif. Ajoutons à cela que les ennemis sont éparpillés aux quatre coins de la surface et qu’il sera nécessaire de tuer un « capitaine » afin d’achever le combat au plus vite et de toucher un pactole d’expérience. Les Purify Weird Soul sont devenues les « Soul Crush », mais gardent ce qui ont fait leur succès, à savoir un feu d’artifice digne d’une production Bruckheimer (mea culpa…). tri-Ace, connu pour ses gameplay, a transcendé toutes ses productions, et réussi à amplifier le côté bourrin tout en ajoutant une grosse part tactique. Une pure merveille.

Dernier gros point fort du gameplay, les Sealstones. Les donjons, tout comme dans le premier opus, sont découpées en zones apparentes. Désormais, il est possible d’attacher différents effets à des zones de donjon via des pierres. Ca peut aller de l'indétectabilité des monstres sur la carte à la multiplication des gains d’argent par 3, en passant par des bonus de magie ou de résistance aux éléments. A terme, il est possible d’exporter les pierres et de créer des combinaisons afin de grandement faciliter ses voyages. Original, accumuler une jolie collection de pierres et créer des combos de Sealstones devient rapidement un aspect passionnant du jeu qu’on apprécie d’exploiter.

Dernier point classique sur lequel je fais donc l’impasse, l’équipement s’achète désormais chez des marchands, qui officient également en tant que forgeron (les pièces s'obtenant sur les monstres), système qui tient une place importante dans le jeu.

En définitive, on se retrouve avec un système de gestion hors combat intéressant sans être révolutionnaire, et un système de combat au contraire extraordinairement riche. Ceux qui privilégient cet aspect seront aux anges, avec a fortiori un Seraphic Gate gigantesque faisant passer les quatre étages du premier volet pour le placard à balais céleste. Orné également d’une difficulté patentée et d’une nécessité importante de level-up, on a là un titre à réserver aux passionnés de combats qui se plaisent à affronter des boss insurmontables et à passer des heures à mitonner leurs personnages. C’est pour tout ça que Valkyrie Profile 2 s’illustre, des combats incroyablement prenants, son idée novatrice des altérations « de zone » (les Sealstones), et ses qualités musicales et techniques.


vp2


Pour autant, il n’est pas exempt de défauts, et son scénario, stupéfiant de banalité en regard de son illustre aîné, son ambiance médiévale bien restituée mais sans commune mesure avec le suaire qui vêtait (oui ça fait tout drôle) Valkyrie Profile, sont autant d’éléments qui concourent à terriblement gâcher l’expérience Valkyrie Profile 2. Enfin, sa 3D, bien que superbe, fait pécher l’animation, caractère si indispensable à la dynamique du jeu et des combats mythologiques... En définitive, nous avons affaire à un très très bon jeu, mais le monument Valkyrie Profile est loin d’être détrôné.

J’accueillerai avec grand plaisir un Valkyrie Profile: Hrist, mais l’émoi de Valkyrie Profile plus jamais ne sera, je pense.

Post scriptum :

00
*sigh*

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Commentaires
T
"Par contre, c'est "Purify Weird Soul" et non "Perfect Weird Soul", espèce de Trout. :|"<br /> <br /> Alors là... J'ai honte. C'est comme quand j'ai oublié Flonne dans la liste des personnages féminins blonds qui tuaient hier (enfin c'était pire même). En ce moment, tout va mal pour moi, la vie est dure.<br /> <br /> Je mérite de me faire trouter là.<br /> Je vais rapidement rectifier cette bourde. :D<br /> <br /> Le gameplay tue, tu ne seras pas déçu à ce niveau là. ^^
C
Quel bel article, dis donc, tu t'es laché :] J'ai pas encore essayé le jeu (c'est comme un bon vin en fait, je le laisse d'abord s'affiner dans mon esprit avec de le déguster. Bon j'aime pas le vin, mais c'était pour faire une comparaison géniale), et je dois admettre que ça m'a assez refroidi de lire que le scénar n'est pas terrible, et qu'on est a des lieues de VP premier du nom. :( Enfin, si les combats sont géniaux, je pourrai m'en contenter.<br /> <br /> Par contre, c'est "Purify Weird Soul" et non "Perfect Weird Soul", espèce de Trout. :|
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