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Tiphereth
25 octobre 2006

Endless

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Souvenez-vous, il y a de ça 4 ans, nous restions sans voix en découvrant deux vidéos secrètes de Kingdom Hearts, Another World, Another Story, et Deep Dive. Première réaction : Mais qu’arrive-t-il à Disney ? On sait que Square est dans le coup, mais Kingdom Hearts nous a montré que Disney a quand même très largement pris le dessus avec le caractère mièvre du jeu qui avait précédé ces deux vidéos. Alors quoi, une suite glauque avec un Mickey D&T, comme le dit l’expression consacrée ? On aurait presque pu le croire, et puis… Plus rien. Pendant un bon bout de temps. A tel point que chacun abandonnait progressivement l’idée de voir une suite arriver en se disant : « De toute façon c’était irréalisable, c’est vraiment trop éloigné du premier épisode ». Et là, sortis de nulle part, et alors que Kingdom Hearts 2 devenait progressivement une arlésienne, non pas un, mais deux Kingdom Hearts. Si le premier titre annoncé ne constitue qu’un portage GBA du premier épisode (et de surcroît, un jeu très moyen), il arrive néanmoins à se placer intelligemment à la fin du premier épisode et sert de pont entre ce dernier à sa suite, sans pourtant qu’il soit nécessaire à la compréhension de la véritable suite. Car voilà, c’est bel et bien une suite digne de ce nom qui nous attend en second lieu. Tous les amateurs du premier épisode s’emballent, et Kingdom Hearts 2, malgré une batterie de détracteurs non négligeable, devient un titre incontournable avant même sa sortie. 

Grand fan du premier opus sans pourtant ignorer sa palette de défauts impressionnante, j’attendais cette suite au tournant, qui devait gommer ces couacs frustrants pour livrer une suite au scénario plus dense, plus intense, plus riche en émotion, et un jeu plus complet, peut-être un tantinet moins bourrin, des compagnons moins stupides, et surtout des combats toujours plus dynamiques.

A l’heure du bilan, qu’en est-il ? Dépôt ou bien indice graphique à la hausse ? Pour ma part, c’est bien difficile à dire. Les améliorations sont là, mais las, la régression également. La courbe se complaît donc dans une série de variations digne des montagnes russes.

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(analepse du premier épisode, pas de spoiler ici)

Pourtant, tout commençait bien. Après une première introduction dans la même veine que celle du premier épisode, à savoir magique, je lançai une partie. Là, conformément à Kingdom Hearts 1, première et unique cinématique à proprement parler avant la fin du jeu. Elle s’ouvre sur quelques phrases mystérieuses qui ne seront pas sans rappeler le procédé similaire de la vidéo de Kingdom Hearts 1. La suite de la vidéo est une sorte de clip ma foi très réussi, mais qui a le problème très gênant de spoiler le design des personnages majeurs de l’aventure, à savoir les membres de la mystérieuse Organisation. Un choix plutôt contestable, en particulier pour moi qui ne suis pas particulièrement fan de cette tendance Square qui vise à remplacer la vidéo d’introduction par un clip de ce genre.

Quoi qu’il en soit, le jeu démarre de manière tout à fait surprenante pour qui n’a pas écumé les forums et autres sites de news, pour ce qui constitue pour moi purement et simplement la meilleure partie de Kingdom Hearts 2 : son prologue. Long, il y en a pour trois ou quatre heures avant qu’il ne s’achève dans un final dramatique, mélancolique et réellement époustouflant. On ne saurait reprocher à certains de trouver à ce prologue d’être extrêmement linéaire. Il l’est en effet. Scripté jusqu’à la mœlle de sorte que les choix du joueur soient inexistants et l’action sans cesse coupée pour une cinématique, il n’en est pas moins scripté avec amour et mæstria. Narré sous forme de jours qui s’écoulent, chaque journée semble commencer de manière tout à fait banale, puis s’enfonce petit à petit dans le surréalisme et l’énigmatique. Chaque jour qui passe va ainsi devenir de plus en plus intense, le contraste saisissant entre la banalité et l’incroyable trouvant son apothéose dans la conclusion du prologue sus-cité. Le choc et l’émoi provoqués justifient ici à eux seuls la raison d’être de cette joie de vivre d’un existence banale troublée puis finalement bouleversée par l’extraordinaire qui vient parasiter cette vie sans histoire. Un prologue magistral donc, qui ne peut laisser aucun joueur indifférent, qu’on aime ou pas.

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La suite est beaucoup plus classique, et on reprend rapidement ses marques. Le trio habituel s’en va donc en chasse contre un nouvel ennemi et de nouvelles créatures, sortes de pendant des Sans-Cœurs, les « nobody » (traduits Simili dans la VF, ceux-ci possèdent un design fabuleusement psychédélique). L’exploration des mondes reprend, et on note là les premières grosses taches au tableau. Les mondes sont relativement vastes, mais terriblement étriqués. Il n’y a qu’un chemin possible, et il est réellement impossible de se perdre. Une sorte de syndrome FF X qui va très mal à un A-RPG tel que KH. Pour amplifier encore ce malheureux effet, les programmeurs ont cru bon d’instaurer un système de missions durant la progression, afin sans doute d’enrayer la lassitude qui pourrait se faire sentir. Ainsi, il faudra tantôt protéger un objet ou un personnage, tantôt faire pleuvoir des orbes en frappant un personnage, ou encore transformer la surface de combat en cimetière en un temps donné. Certes, ses objectifs permettent d’apporter une fausse variété assez agréable, mais les programmeurs en ont gavé le jeu, mettant en place ses missions toutes les cinq minutes, coupant l’action de manière dramatique et limitant encore plus la liberté, puisque la progression est impossible tant que la mission n’est pas achevée. Une liberté déjà bien mise à mal de par le level-design des mondes. Cette action saccadée et sans cesse coupée va excessivement mal à un jeu dont l’action se veut frénétique, et qui n’est sauvé que par des combats pour le moins titanesques.

Là, on ne peut guère faire la fine bouche : l’évolution est quand même bien là, et il n’y a que du mieux à ma connaissance. L’action est plus rapide, les possibilités plus nombreuses. Le jeu se dote surtout au passage de la touche triangle. Cette touche contextuelle et bénie permet à Sora, contre certains monstres, d’effectuer des mouvements ou attaques inédits. Et là, c’est l’apothéose, cette touche servant bien souvent à déclencher un festival d’effets-spéciaux de bien mauvais augure pour le monstre qui aura à subir le juste courroux de Sora et de sa clé. Ajoutez à cela l’ajout de fusions rendant votre Sora totalement épileptique et démesurément puissant, ou encore des attaques de groupe qu’il est possible d’effectuer entre Sora et ses compagnons, et vous obtenez des combats frénétiques, grandioses, souvent démesurés et d’une dynamique qu’on n’osait pas espérer. Vu que l’exploration a été réduite à zéro, il valait mieux assurer sur ce plan, c’est heureusement le cas.

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Quand bien même l’exploration est honteusement absente, on ne peut pas reprocher aux mondes d’être mauvais, et ce n’en est que plus dommage. Les programmeurs se sont fait un devoir de nous surprendre avec des choix de mondes originaux et atypiques. Que ce soit la transposition d’un film live, d’un (très très) vieux dessin animé garanti conservé au formol que même le carbone 14 peine à dater, ou encore d’un délire informatique bien kitsch, la variété sera au rendez-vous. Malheureusement, le tableau est quelque peu assombri par le retour de mondes déjà présents dans le premier épisode. Certes, ils ont été quelques peu remaniés, mais le fait est là. Ce n’est pourtant pas la matière qui manque avec Disney !

Quant à l’apport de Square-Enix, il est également mitigé. Les mondes sont loin de valoir ceux du premier à mon sens, que ce soit sur le plan de l’architecture (problème déjà évoqué plus haut) ou sur le plan artistique. Ceci étant dit, ils restent très réussis, mais pas autant que ceux du premier qui étaient, il faut le dire, de gros gros morceaux. Les personnages Final Fantasy sont nombreux, et c’est toujours le sourire aux lèvres qu’on accueille leurs apparitions, bien que leurs rôles soient souvent mineurs et anecdotiques. Quant au scénario, en dehors du prologue fabuleux tant par sa mise en scène que sa narration, on retrouve l’un des gros défauts de KH, à savoir le caractère totalement disparate du scénario. Rien sur les mondes Disney, et tous sur les quelques mondes Square. Difficile d’avoir envie de progresser quand il n’y a pas de rebondissements. Il aurait été bon de régler le problème, et de voir enfin les mondes Disney servir à autre chose qu’à remplir l’espace DVD. Un remplissage indispensable, mais détacher totalement ces phases du scénario principal, c’est un choix plutôt douteux que j’aurais aimé voir corriger. A défaut d’être corrigé, on ne peut quand même pas nier que les développeurs n’ont pas pensé à ce problème, puisque ici, le scénario reprend quand même le dessus vers la moitié du jeu, afin d’offrir une coupure et de (re)motiver le joueur pour les futurs mondes Disney. Bien. Mais ça reste contourner le problème plutôt que d’y faire face. Fort heureusement, le scénario est motivant, aucun problème sur ce plan là. Des combats titanesques, des moments épiques, un scénario un tantinet moins manichéen (mais ça reste dans la veine de KH), plus riche et complexe, des personnages envoûtants… Les principaux ressorts Square font merveilles, à l’exception d’un grain de sel qui vient emballer la machinerie jusqu’à tout faire péter. Et là, je ne peux que m’insurger. L’un des rebondissements, l’une des révélations, l’un des coups de théâtre, est absolument aberrant de bêtise. On n’y croit pas une seconde, c’est tiré par les cheveux, abusivement abusif, incohérent, et ça brise une (grosse) partie du mythe KH premier du nom. Pour reprendre ce que j’avais pu dire sur un forum, c’est pour moi un coup de théâtre aux allures de pétard enveloppé de déjections canines. Et ça éclabousse, c’est rien de le dire, puisque même le premier KH fait les frais de cette farce. Heureusement, le jeu ne manque pas de grands moments, et les dernières révélations qui, elles, valent le détour, font passer la pilule (taille dragée), mais grand Dieu, quelle déception.

Après toutes ces considérations essentielles, on pourra aussi arguer le fait que le jeu ne comporte quasiment pas de quêtes annexes : pas de compétences de groupe (donc de mouvement) qui poussent le joueur à réexplorer d’anciens mondes, pas de recherche, juste quelques minis (mais vraiment minis) jeux, un seul boss facultatif, un Colisée dont l’intérêt a hélas été revu à la baisse. Bref, peu de choses à retenir sur ce plan là. Seul bon gros point à ce tableau noir : le jeu du vaisseau Gummi ressemble enfin à quelque chose d’avoisinant au shoot, et désormais, ce n’est plus un calvaire, mais un bon pied, que de faire les trajets entre les mondes.

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Avec une charte graphique et musicale très similaire à celle du premier épisode, un scénario intéressant mais doté d’un rebondissements dur à digérer, des mondes variés mais hautement liberticides, et des combats grandioses et mémorables, il est difficile de donner un avis favorable ou défavorable au jeu. Alliant le bon et le moins bon, on ne s’ennuie jamais en y jouant, mais les fans sentiront toujours cette pensée les tirailler et les ramener à cette dure réalité : « Ca aurait pu être beaucoup mieux. »

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Commentaires
T
N'hésite pas, balance la faute que je corrige. ^^<br /> <br /> Merci pour les compliments. C'est pas des tests formels de site, donc j'emploie un ton différent, c'est peut-être pour ça que tu trouves que ça coule mieux.<br /> <br /> Les autres articles sont dans la même veine, donc n'hésite pas s'il y en a qui te tentent. :D
S
Grandiose cette expression, si si, j'insiste. ^^<br /> <br /> Sinon, très bon article (j'ai cru voir une faute d'orthographe à un endroit pourtant, si rare que je me devais de le préciser) et si je puis me permettre, ton style littéraire s'est considérablement fluidifié, ca se lit rapidement et sans aucune difficulté tout en gardant une excellente qualité.<br /> <br /> Concernant le jeu en lui même, rien à rajouter, j'ai quasiment le même avis en tout points. Du tout bon.
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