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Tiphereth
10 juin 2006

Pointez cliquez !

The Longest Journey. Y a quelques temps, j’avais vu ce jeu à Auchan dans le rayon des petits prix. J’avais été intrigué par les images de lieux magnifiques et ce qui était présenté comme un univers mi-fantasy, mi-science-fiction. J’étais donc rentré pour me renseigner, voir un peu les critiques, en savoir plus, bref, ne pas acheter à l’aveuglette. Finalement, le jeu m’avais tenté, mais j’avais attendu un peu, ce qui n’a pas été son cas, ayant lâchement fui le rayon avant que je revienne. Entre temps, j’avais d’ailleurs appris qu’une suite, « Dreamfall », venait de sortir. Quoi qu’il en soit, il y a quelques jours, j’ai finalement mis la main dessus, en allant jeter un coup d’œil, plus par curiosité qu’autre chose.

Etant définitivement bloqué dans Planescape Torment, où mes personnages se font ratatiner la gueule par le moindre monstre, j’ai abandonné ce jeu (la frustration est ineffable, mais recommencer est impensable) et me suis lancé dans The Longest Journey.

J’ai fait environ le jeu en cinq jours environ (aïe).

On a à faire à un pur click&play. C’est vrai qu’il n’a pas le côté artisanal du dessin de la grande époque des Lucas Arts et consorts, mais la 3D précalculée reste de très bonne facture et un bon compromis pour ne pas tomber dans la nuisance visuelle (et ludique) d’un Baphomet 3 (le click&play sans souris, belle antinomie). De plus, les couleurs sont quand il le faut magnifiques, très chaudes, conférant et restituant bien le charme du dessin. D’un point de vue visuel, il n’y a donc rien à reprocher au décor, mais il en va tout autrement des acteurs. Leur modélisation 3D est vraiment moyenne. Mais le pire, oui le pire, ce sont les cinématiques. C’est simple, j’ai rarement vu un visage plus hideux que celui de l’héroïne dans les cinématiques. Elle pourrait faire partie du casting des monstruosités de Silent Hill. Non sans blague. Vous savez, ces monstruosités vaguement humaines qui nous font terriblement peur parce qu’elles nous font écho.

C’est dommage parce qu’en dehors de ça, je me suis fortement attaché à ce personnage. Sûrement parce que j’ai trouvé April assez crédible dans son rôle d’étudiante paumée et que je m’en suis senti assez proche, d’elle comme de son petit univers de Venise. Son journal intime est aussi un bon moyen de s’attacher au personnage. Y a un côté très libertin dans les moeurs abordés dans ce jeu, ça sonne juste. Plus que dans la majorité des jeux auxquels j'ai pu jouer. En dehors de ça, le scénario du jeu est on ne peut plus classique, mais néanmoins efficace et propice à l’exploration de deux univers… très parallèles. Je regrette un peu que le gros de l’intrigue soit révélé d’un bloc tôt dans le jeu. Topos persistant de certains jeux vidéo (notamment européens, selon mon expérience personnelle), et qui peuvent facilement casser toute une intrigue, comme ça a été le cas ici.

Bien que pas d’une inventivité folle, on tenait un scénario vraiment sympa dans The Longest Journey, et j’aurais préféré rester dans l’univers contemporain du début de partie, cadre séduisant et original, puis de voir progressivement le fantastique s’installer et le scénario se révéler. Là, tout est dit en début de partie, et le peu de surprise qui reste est outrageusement prévisible. Encore dommage.

Ceci étant dit, j’ai quand même apprécié le jeu, faut pas croire. L’héroïne a pas mal aidé. Les énigmes en elles-mêmes n’étaient pas très dures, sauf quelques énigmes de logique. Je pense que je vais d'ailleurs sans nul doute revenir sur ces merdes, histoire de justifier le nom de "billet d'humeur".

Ca faisait un bout que je n'avais pas fait un Click&Play. Bien que pas un amateur de la première heure, voilà un genre qui a été ma première grosse passion vidéo-ludique. Mon premier Click&Play, ça a été Ecoquest: Le Secret de la Cité Engloutie. A cette époque, les bruitages étaient fait par ces puces à l’intérieur des ordinateurs qui faisaient « BIP BIP ». Dire qu’aujourd’hui, ce genre de bruitages sont annonciateurs de plantages… Ce jeu, un click&play très simple, et l’un des tous premiers, avait eu une suite : Ecoquest 2: SOS Forêt Vierge, que je lui ai largement préféré. J’ai compris avec The Longest Journey que c’était tout simplement les phases dans les espaces sous-marins qui me mettait mal à l’aise. Je dois faire une phobie des grands fonds. Quoi qu’il en soit, SOS Forêt Vierge avait cet appareil génial, ce scanner qui donnait tout un tas d’informations sur la faune et la flore. J’en ai mis du temps à comprendre que le dernier truc à scanner était l’incendie de l’arrière plan ! Ces deux jeux, sponsorisés par tous les partis politiques verts du monde, m’avaient séduits. J’avais enchaîné avec plusieurs titres plus ou moins connus (Torin’s Passage, Day of the Tentacle, Fable, les Indiana Jones, etc.).

Aujourd’hui, je ne suis plus vraiment intéressé au genre. Le dernier maillon qui me liait encore au genre, c’était Baphomet, Broken Sword. Le un m’avait subjugué, le deux m’avait plu mais déçu, le trois a déclenché mon ire. Les quelques images du 4 se passent de commentaires. C’est le genre de coups durs qui vous dépriment un joueur… Runaway, renouant avec le genre, avait été une bonne surprise, mais son scénario et son ambiance n’avaient pas réussi à m’accrocher malgré tout. En tout cas, un excellent click&play tout de même. (Très très retord niveau énigmes d’ailleurs.)

Mais si je me suis désintéressé du genre, ce n’est pas seulement à cause de la pauvreté dans laquelle il est embourbé, du moins pas seulement. C’est aussi parce que le genre se définit en soi comme celui à la « replay value » égale à zéro. Replay value, c’est quand même un super terme. Je le vois partout maintenant, comme s’il était là depuis la nuit des temps. Un peu comme le doom-like qui est devenu le très pompeux "FPS". En tout cas la replay value d’un click&play est nulle, et c’est pour moi le réel problème du genre. J’aimerais tant qu’ils y pensent et qu’ils fassent des click&play à choix multiples (oui, comme les QCM) permettant différents embranchements et différentes fins. Je ne sais pas si ça paraît irréaliste au vu des coûts de production hélas, surtout que ça ne se vendrait pas mieux pour autant. Y avait ce jeu, Les 9 Destins de Valdo, qui m’avait tapé dans l’œil quand j’étais gosse. J’ai jamais pu l’essayer, finalement, mais il promettait 9 scénarii différents, et ça c’est bien. Je serais curieux de voir si le résultat était bon ou pas.

L’autre problème, et que j’ai retrouvé dans The Longest Journey, ce sont ces £$)%§*µ d’énigmes de logique. On en trouve quasiment partout maintenant. Et là, je me dis vraiment qu’on perd de vue l’objectif du click&play. Pour moi, c’est un genre sensé stimuler l’imagination. Non mais qu’est-ce qu’on en a à foutre des énigmes de logique ? Utiliser une pince à linge et une bouée pour récupérer une clé baignant dans un courant électrique, ça c’est powa. Devoir apprendre à faire fonctionner un mécanisme ancestral laissé là par quelques civilisation antique, ça me GAVE. Si je veux apprendre à faire fonctionner des machines grâce à mes capacités cognitives et de raisonnements logiques, je joue à Myst, c’est pas plus compliqué que ça. J’aimerais qu’on arrête de mélanger les genres. C’était mon coup de gueule du jour. Plus de gros plan à la première personne nous montrant notre avatar aussi perplexe que nous, devant un gros monticule rocheux dans lequel sont creusées quelques cavités et inscriptions indéchiffrables sensées ouvrir l’accès aux fresques murales sacrées des anciens si l’on sait comment l’amadouer en rentrant tel truc dans tel trou, car non, ce n'est pas excitant ou jouissif.

Enfin, je me plains beaucoup, mais ça reste dans le cadre d'énigmes faisant appel à la réflexion. On n'est pas encore tombé dans des énigmes à la con type énigmes de blocs. Comment ? Si ? Baphomet 3 ? C'est un Click&Play ça ? Et oui, c'est dur à croire quand l'on voit que les trois quarts des énigmes du jeu reposent sur des ressorts à la Tomb Raider comme se coller contre un mur pour franchir une falaise, pousser des blocs pour pouvoir atteindre une corniche, s'agripper à une paroi, etc. On a même eu le droit à la désormais classique mais toujours aussi branlante phase d'infiltration. Serpents et poissons font des mules émules, mais manifestement, ça ne s'improvise pas, vu que ces phases sont toujours foireuses. Que les développeurs laissent ce genre de phase pour les jeux qui sont taillés pour ça et se concentrent sur leur boulot. Baphomet 3 n'échappe pas à la règle.

Mais pire que tout, moi qui me réjouissait à l'idée de retrouver l'univers de The Longest Journey dans sa suite, Dreamfall, j'ai appris que le jeu avait cédé aux avances insidieuses de la troidé. Le jeu est en 3D, les programmeurs ont foutu des scènes de combats stupides, il y a sûrement de la plate-forme également, tant qu'à faire, et bien sûr, je vous le donne dans le mille : une phase d'infiltration. Si j'avais espéré qu'un petit studio norvégien (oui oui) ne serait pas happé par la crasse ambiante de bêtise qui règne dans le milieu du jeu vidéo, j'ai bien dû me faire à l'évidence qu'il n'en est rien.

Je dois dire que même commercialement, je ne comprends pas l'intérêt. On parle de Click&Play, ceci ne feront jamais un carton et seront toujours réservés à la minorité qui adhère au genre. Alors pourquoi s'encombrer de la 3D, si ce n'est pour perdre les rares cibles potentielles, celles qui ont pris leurs pieds à l'époque des Lucas Arts et autres Sierra On-Line ?

Voilà où en est réduit le Click&Play aujourd'hui... Déprimant et désarmant. Pour le moment, seul Pendulo Studios tient le haut du pavé avec son futur Runaway 2: The Dream of the Turtle. Ce studio espagnol a eu le cran de rester dans les vieille traditions efficaces. Mais pour combien de temps encore ?
Quoi qu'il en soit, une salve de bisous pour eux qui ne sont pas prostitués avec la 3D.

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Commentaires
T
Tu parles de The Longest Journey ou de sa suite ?<br /> <br /> Parce que le premier épisode, il faut pas croire, j'ai beaucoup aimé, même si selon moi ça aurait pu être beaucoup mieux. (C'est l'ambiance de Newport que j'adorais en fait.)<br /> <br /> Ceci dit, le monde d'Arcadia est bien aussi, mais pour des raisons différentes. Très beau et intéressant (mention spéciale pour le gars qui n'a pas la notion du temps qui s'écoule >D).<br /> <br /> Par contre la suite, j'avoue qu'elle m'a franchement l'air moisie. Elle me fait penser à Baphomet 3 dans sa démarche. Genre on va dépoussiérer le click&play. :/
M
Un de mes jeux cultes pourtant, malgré le mal que ta mauvaise langue peut en dire.<br /> <br /> Sur PC, un incontournable à mes yeux !<br /> <br /> SURTOUT le monde d'Arcadia que tu voudrais voir supprimé :'(
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