L'Appel de Dawn of Mana
Je ne pensais pas remettre les pieds ici dites-donc. Et pourtant, l'appel de Dawn of Mana, qui réclamait à grands cris que je mette fin à ses souffrances (on le comprend le pauvre), m'a convaincu.
J'ai donc commencé Dawn of Mana en début de soirée, hier, et ben c'est pas joli joli. J'y ai joué un peu plus d'une heure, je ne suis qu'au chapitre 2, et je n'y remettrai probablement pas les pieds avant un bout de temps.
J'étais au courant de toutes les critiques sanglantes et cinglantes dont le titre faisait l'objet, mais je ne m'attendais pas à une telle catastrophe. Etrangement, c'est l'ambiance à la sauce 3D qui a peut-être le moins souffert, alors que c’est précisément sur ce gros récif que mon flot d’enthousiasme se brisait. Les couleurs sont chatoyantes, les décors très beaux et vastes avec de splendides effets de lumière (la voûte des arbres, le ciel…), le design des personnages très réussi (l'héroïne est vraiment sublime), et les cut-scenes vraiment très bien réalisées. Mais bon, c’est parfois bien cubique et on se dit encore qu’en 2D… En tout cas il y a des trucs vraiment tout mignons, comme Faye, la petite fée qui accompagne le héros (et qui a la voix de Flonne, j’ai l’impression). Par contre niveau ambiance, on sent déjà que le script ne va pas être un Seiken classique. Mais bon, passons.
Mais là où l'on est vraiment sur le cul (même à 30 dollars, je vais avoir du mal à me rasseoir), c'est lorsque l'on arrive au gameplay. Je pense que toute l'équipe de Square s'est donnée à fond pour offrir au joueur une expérience unique, et il est vraiment impressionnant de penser qu'une grosse boite comme Square-Enix peut, encore aujourd'hui, arriver à nous surprendre en faisant des gameplays aussi uniques. Entendons-nous bien, le gameplay de ce Dawn of Mana est une institution, un monument, un mythe, une légende urbaine. Je pense que nous tutoyons là le caviar du gameplay merdique. Mais je parle pas de ses ersatz de caviar, ces yeux d'olympe pourri. Non je parle du beau, du grand, du caviar bien rare, des oeufs d'esturgeon à 30 euro les 10 grammes, celui des grandes occasions, avec les petits plats dans les grands, genre sur canapés dans une assiette, avec une petite présentation maison en forme de cercles, et au centre la petite rondelle de tomate comme pour dire : "il est pas né celui qui vous servira un truc aussi élaboré, prenez-en de la graîne". Parce qu'effectivement, il est monstrueux le gameplay de Dawn of Mana, et il est pas né celui qui arrivera à pondre un truc aussi dégueu (en fait si, je suis sûr que des tas de jeux le font, mais on est chez Square merde !). Non Dawn of Mana, c’est un seigneur de l’apocalypse, une bête de l’armageddon, un Dagon en puissance, sortant des abysses uniquement pour vous faire cracher vos deniers.
Explications sur ce croque-mitaine à
Franchement, je comprends pas comment ils ont pu oser. Même Kingdom Hearts passerait pour du Civilization à côté de ce Dawn of Mana. Non seulement on passe son temps à déboîter du monstre, sans aucune phase d’exploration, de dialogue, d’emplettes dans les villages, mais en plus on le fait toujours avec le même équipement et la même magie puisqu’il n’y a aucune évolution qui tienne plus d’un chapitre. Non vraiment, je ne comprends tout simplement pas comment ils ont pu ne pas se rendre compte qu’il y avait un léger problème d’intérêt.
Alors, pour pas que ce soit trop bourrin, il faut d’abord faire paniquer le monstre en lui balançant à la gueule un de ses congénères, une bûche, un rocher, un tonneau, un micro-onde, un tracteur, un Dawn of Mana, enfin n’importe quelle merde qui vous passe sous la main quoi. Pour ce faire, on a une liane qui permet de chopper pleins de trucs. Ca permet de défoncer le monstre sans qu’il réplique (ce qui n’est pas du luxe parfois) et de ramasser pleins de bonus (ceux qui disparaîtront dans moins d’une heure, vous suivez ?). Bon, ça a l’air marrant comme ça, et quand on commence, on s’amuse à faire tournoyer les tonneaux comme un forcené, mais rapidement, on comprend non seulement que c’est injouable, mais en plus que le mec qui a programmé la caméra devait avoir de graves problèmes de santé (Parkinson ?). Pendant qu’on cherche désespérément à orienter son objet sur la gueule du monstre d’en face, faut constamment lutter pour orienter la caméra, et à peine a-t-on réussi ce tour de force qu’on s’aperçoit avec horreur que le monstre est déjà sur nous, et nous flanque sa paluche dans la gueule, nous forçant à recommencer toute l’opération. Puis alors quand on n’a pas d’objet sous la main, bonjour l’hécatombe. Et vas-y que je te parcours toute la zone à la recherche d’un putain de tonneau à traîner avec la vitesse et la délicatesse d’un pachyderme rachitique qui sort de l'ère glaciaire afin de défoncer le truc vaguement vivant qui se promène au milieu du pont et qui ne manque pas de te faire chanter des cantiques dès que t’as le malheur de poser un orteil sur ce bois vermoulu. En plus, bravo pour le rythme. Alors que le minimum qu’on attend d’un A-RPG bien bourrin, ce serait de pouvoir tailler dans le lard pour progresser rapidement, à l’instar de n’importe quel Seiken quoi, là faut constamment se faire chier à chercher des trucs à balancer à la gueule de l’adversaire. Loin de rendre le jeu plus riche, ça brise le rythme (et pas que le rythme d’ailleurs).
Bon j’arrête là, ça vaut pas le coup de perdre du temps à démonter une daube pareille, j'ai mieux à faire. Dawn of Mana fait partie des rares jeux, aux côtés de quelques joyaux comme Blaze and Blade ou Shadow Madness, sur lesquels je n'ai pas pu tenir plus de deux heures. Oui, c'est une bête de compétition mon Dawn of Mana.
Je ne pensais pas que Square pourrait me décevoir pareillement avec une licence pareille à l'appui. Quand on voit l’équipe derrière ce jeu, on se demande bien ce qui s’est passé. Je cherche encore à comprendre (vague de suicides, attentats dans les locaux, problèmes à la maison ?). Et maintenant j’hésite à abandonner tout de suite ou à chercher à persévérer un peu. Je suis tellement fan du design de l’héroïne que c’est la seule motivation qu’il me reste pour continuer ce jeu, et j’ai pas le cœur d’abandonner cette Vierge de l’Arbre à son triste sort. La pauvre, on se demande ce qu’elle vient faire dans cette galère.
Malheureusement pour Dawn of Mana, il y a Beyond the Sword qui me fait les yeux doux. Les prunelles de Ritzia vont-elles être plus ensorcelantes ? Dur à dire.